Ce qu’on peut en dire…

Le poids des pois dans nos chaussures...

En cette solennité de la trinité, la liturgie de la parole nous fait faire un chemin de ce qu’on peut dire de Dieu. C’est avec Moïse que nous avons les mots justes pour aborder la question de Dieu ou de ce qu’on peut en dire:  » S’il est vrai, mon Seigneur, que j’ai trouvé grâce à tes yeux, daigne marcher au milieu de nous. » De Dieu, Moïse tient une faveur, un privilège ou simplement une grâce qui permet d’en dire mots. La trinité divine ici, on en sait encore rien ou on en est moins outillé pour en dessiner explicitement les contours. Cependant, la Trinité divine épouse déjà, merveilleusement, la liberté venant de l’initiative unilatérale de Dieu, à la rencontre de Moïse.
Dans cette ancienne alliance, il y a un mouvement de Dieu lui-même qui vient à la rencontre de Moïse: « Le Seigneur descendit dans la nuée, vint se placer là, auprès de Moïse. » Le récit de l’exode nous rapporte de cet intime colloque entre Dieu et Moïse, la vie qu’il y a en Dieu :  » Le Seigneur, le Seigneur Dieu tendre et miséricordieux… » Ainsi, nous pouvons oser dire qu’en Dieu lui-même, il y a des attributs qui sont favorables, et ce, intuitivement à une possible ouverture à la vérité de la Trinité. Toutefois, le Dieu de Moïse n’est ni magique ni mystérieux dans son rapport avec son peuple ou ses créatures que nous sommes. C’est ce qui explique la belle supplication de Moïse:  » Daigne marcher au milieu de nous. » Mieux encore, au nom des attributs du Dieu de Moïse, nous sommes autorisés à lui demander pardon : « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité. » En somme, ce que le Dieu de Moïse est en lui-même est une belle invitation à nous abandonner à lui, à l’instar d’Israël son peuple:  » Tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et feras de nous ton héritage. »

Dans la nouvelle alliance, sous la plume de l’apôtre Paul, la trinité sainte devient une salutation qui couronne l’annonce de l’évangile, l’exhortation adressée aux corinthiens : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous. » Ce qu’on peut dire de Dieu se lit sous les traits du Père, du Fils et du Saint Esprit. Le mot clé de la trinité ici est « communion ». Dieu en action divine de bénédiction ou sous les traits du divin est nécessairement en « communion ». Voici pourquoi Paul nous invite, à la suite des corinthiens, à vivre aussi en communion avec lui, « Dieu d’amour et de paix ».

C’est enfin dans l’évangile de Jean que le chemin de la trinité comme liberté avec Moïse, comme salutation ou couronnement de l’annonce de l’évangile avec l’apôtre Paul, aboutit au chemin de l’amour divin. Comment aurions-nous pu supposer ou imaginer que l’amour du Père qui a « tant aimé le monde » irrigue complètement le sacrifice salvateur du Fils dans la présence et l’action du Saint Esprit ? Comment aurions-nous pu inventer un chemin divin à la fois trine et un, sans tomber dans les travers aisés des divinités à qui nous aurions assigné des fonctions ou des missions ? Comment aurions-nous pu dire la Trinité Sainte sans « la grâce et la vérité » venant de Dieu lui-même ?
Si la grâce et la vérité ne font qu’un, en cette solennité de la trinité, alors, laissons circuler en nous, par nous et avec nous, l’amour de Dieu, l’amour de Dieu dans la trinité, l’unique amour absolu de Dieu, ou ce qu’on peut en dire. Quiconque s’y refuse, se juge !

Ab Patrice S.