Prêtre ou vie donnée
« Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant; plus tard tu le comprendras. » Ces propos sont de Jésus qui s’adresse à l’apôtre Pierre. C’est ce renversement de l’ordre de notre monde que Pierre conteste. Pour Pierre, les petits sont faits pour servir les grands. Et cela se voit bien dans nos familles ou communautés, en société politique, religieuse, coutumière ou culturelle… Aux yeux de notre monde, un grand n’est pas un petit !
Comment Jésus, le divin maître, peut-il s’abaisser à laver les pieds de ses disciples ? « Vous m’appelez « Maître » et « Seigneur » et vous avez raison, car vraiment je le suis… C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » Telle est la lumineuse réponse de Jésus à nos questions de hiérarchie, de préséance ou de supériorité. Quelle conjonction pourrait lier le monde de Jésus au nôtre ?
Avant le covid19, le même évangile de Jésus avait déjà retenti à nos oreilles sans forcement toujours germer dans nos cœurs, pour promouvoir ce nécessaire renversement dans nos vies. Plutôt qu’un renversement, quel droit chemin pour communier à l’amour invincible de Dieu ! Quelle humilité peut nous dessaisir de nous-mêmes pour mieux nous faire aller à la rencontre des autres? Enfin, quel sacerdoce peut offrir à notre vie, une sublime humanité auréolée du baptême ou de la vie d’enfant de Dieu ?
Ce jeudi saint que nous célébrons sans le peuple de Dieu physiquement présent souligne bien que nous sommes non seulement unis, mieux nous sommes interdépendants dans un devoir de service.
Cette année nous ne répéterons pas le lavement des pieds. Cependant, nous apprécierons par ce manque, toute la charge des propos de Jésus à l’apôtre Pierre : « Plus tard, tu comprendras… » À l’école de Jésus, « le prêtre éternel et véritable » selon la préface du jour, nous pouvons en prendre de la graine :
Vraiment, le bonheur d’être prêtre de Jésus-Christ, par lui, avec lui et en lui, c’est le bonheur de l’eucharistie.
Le covid19 nous a mis au chômage et pourtant quotidiennement et joyeusement, nous célébrons l’eucharistie.
Le covid19 nous pousse au confinement et pourtant « prêtre – eucharistie » nous sommes nourriture physique et spirituelle quotidiennement pour tous. Le covid19 a vu nos confrères de Bergamo et d’ailleurs engager le sacrifice de leur vie. Merci Seigneur pour toutes nos vies données, elles sont à toi et pour ta gloire. « Si le prêtre se comprenait, il mourrait d’amour. » aimait dire le Saint Curé d’Ars.
Ab Patrice S.
