TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME

TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME

Donnera-t-il du fruit à l’avenir ?

Un avertissement est un appel qui fait place à ce qui est encore possible. « Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir… sinon tu le couperas »
Être en chemin de carême, et entendre un triple avertissement, cela nécessite une attention encore plus soignée :
« Je suis qui je suis » est le « Nom de Dieu » et clairement les attributs de celui qui est à « la mesure sans mesure de son immensité ». Dans le cadre de ce premier avertissement qui nous est adressé, nous comprenons bien que notre existence humaine finit en son temps, nous ne pouvons porter du fruit qu’au cours de notre existence limitée. Dieu ne dispose pas pour nous d’une patience limitée. Sommes-nous disposés à accepter que la patience de Dieu n’est pas épuisée pour nous, dans l’exode que nous connaissons ?
Dans sa lettre aux corinthiens, l’apôtre Paul nous interpelle en ces termes : « l’Ecriture l’a raconté pour nous avertir… » ? Avertir de quoi ? Ce deuxième avertissement laisse voir que le peuple ingrat aspirait à revenir aux délices d’Egypte, il se laissait aller aux péchés capitaux (P,O,G,L,A,C,E) et murmurait contre Dieu. C’est encore un bel avertissement pour l’Eglise d’aujourd’hui ou l’Eglise du Québec, dont les murmures sont multiples et constants contre Dieu ou ses serviteurs. L’Eglise non plus n’a pas à se bercer à croire que tout ira bien pour elle. L’avertissement de Paul se lit ainsi : « Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber. »
Quand on rapporte à Jésus, l’affaire des Galiléens que Pilate a fait massacrer ou l’éffondrement d’une tour faisant dix-huit victimes, on reproche implicitement à Dieu son silence, son absence ou sa patience injuste. Ici, Jésus ne s’érige pas en juge ou en donneur de leçon. Au-delà de la réponse immédiate aux propos de ses interlocuteurs, Jésus choisit d’aller plus loin à travers un avertissement encore plus grand : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
C’est une parabole qui va concentrer tous les avertissements de ce troisième dimanche de carême.
Si le figuier qui ne porte pas de fruits, comme un parasite, mérite d’être coupé, le jardinier (que nous imaginons aisement) sollicite une faveur : « le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier ». Avons-nous compris suffisament ou clairement que les avertissements ici sont un appel à étendre le fumier de la conversion. Le mercredi des cendres nous a introduit à ce saint temps de carême par l’humiliation de la misère de notre humanité et par nos résolutions de carêmes pour corriger ce qui doit l’être dans notre vie. Ainsi, la conversion s’exprime dans la mesure de la patience de Dieu.
Les avertissements illustrent bien que Dieu n’est ni silencieux ni indifférents. Autrement dit, le figuier stérile n’est pas maudit par Dieu. Au contraire, le figuier a usé suffisament la patience du propriétaire et encore le figuier peut jouir de la grâce du propriétaire afin de porter du fruit par des soins appropriés.
En conclusion, retenons que si le glaive de Pilate peut frapper chacun d’entre nous, si la tour de Siloë peut à tout moment s’effondrer sur chacun d’entre nous, ce qui compte, au-delà de la tristesse de ces événements, c’est que nous menions notre une humanité, telle un figuier capable de porter du fruit.

Bon carême !